Les barbares sont là – à Beyrouth, à Paris ou à Saint-Denis, à Bamako ou à Tunis. Leurs frappes infâmes et aveugles n’épargnent personne.

Le petit monde des internationalistes est touché lui aussi. Nous avons eu le regret d’apprendre que la petite-fille du Doyen Ruzié, longtemps membre du Conseil de la SFDI, a été assassinée lors de ce fatal vendredi 13. Quelques jours plus tard, notre collègue Doumbe-Bille était retenu en otage (en même temps que le Recteur de l’Université Léopold Senghor d’Alexandrie, le Professeur Albert Lourde) par les fous furieux de l’hôtel Radisson à Bamako. D’autres collègues peut-être ont été atteints par cette violence imbécile qui n’épargne personne. Nous leur présentons l’expression de notre sympathie affectueuse en ces jours de tristesse et de deuil.

Suite aux attentats de janvier, je m’étais, ici, demandé comment les juristes en général, les internationalistes en particulier, pouvaient contribuer à la lutte contre la barbarie obscurantiste et j’avais lancé un appel pour que notre Société et ses membres contribuent, à leur place, forcément modeste, à la réalisation du beau programme tracé dans le préambule de la Charte des Nations Unies en vue de l’instauration d’un monde meilleur.

On ne peut pas dire que cet appel ait été largement entendu… À l’exception d’un colloque réussi et émouvant organisé en mars 2015 par Laurence Dubin et Pierre Bodeau-Livinec à l’Université Paris VIII – dont les Actes n’ont pas même trouvé un éditeur malgré la haute tenue des interventions, ça a été plutôt « silence dans les rangs ». La doctrine, française et francophone, a continué son petit bonhomme de chemin, indifférente à l’orage qui gronde ou épouvantée par les défis.

Je l’écrivais en janvier ; je le répète : droit sans conscience n’est que ruine de l’âme et je persiste à penser que juristes, internationalistes, nous avons le devoir de nous interroger sur les échecs du dispositif juridique et institutionnel existant et de réfléchir à ce que peuvent et doivent être les réponses du droit – de notre droit international – à l’obscurantisme terroriste. Des réponses dignes, qui doivent rester conformes à nos valeurs tout en ne sous-estimant pas la menace.

Internationalistes, mobilisons-nous contre la barbarie ! mais cela passe aussi par un combat pour un monde plus juste.

Alain PELLET

Président de la SFDI