Chers membres de la SFDI, Chers sympathisants, qui consultez cette page,

Vous avez déjà reçu quelques dizaines de messages comme celui-ci… Il vient même plutôt tard car nous avons voulu attendre aussi longtemps que possible afin d’être sûrs qu’il n’était pas envisageable de maintenir le colloque de Toulouse, si prometteur, aux dates prévues (les 28 et 29 mai).

Le Conseil de la Société (réuni par visioconférence samedi 14 mars), tout en prenant la décision de principe de reporter le colloque, avait prévu de se donner jusqu’au 10 avril avant de confirmer cette décision. Il a toutefois demandé aux organisateurs, Clémentine Bories et Lucien Rapp, de prévoir des dates de repli après consultation des intervenants et des autorités universitaires de Toulouse-Capitole. Il est maintenant acquis que le report est inévitable ; du reste l’Université a décidé de reporter tous les colloques universitaires jusqu’à la prochaine année universitaire.

Après d’intenses, rapides et efficaces consultations, les organisateurs proposent de retenir les dates des 12 et 13 novembre, qui semblent acceptables pour la quasi-totalité des intervenants et pour l’Université. Merci à tous de retenir ces deux journées. Nous vous espérons tous nombreux dans « la ville rose », patrie de Maurice Hauriou et de Claude Nougaro (ne soyons pas sectaires !).

Je tiens à exprimer notre vive reconnaissance à la fois à Lucien Rapp, Clémentine Bories et leur équipe, ainsi qu’aux intervenants pour leur flexibilité et la rapidité efficace de leurs réactions.

J’adresse également les remerciements sincères de la Société au Bureau des jeunes chercheurs et aux responsables des demi-journées d’études, initialement prévues à Toulouse le 23 mars et à Nanterre le 3 avril, qui prennent des dispositions pour suppléer à ces rencontres ainsi qu’à Franck Latty et Jeanne Dupendant, initiateurs du premier séminaire doctoral qui devait avoir lieu à Nanterre également le 3 avril et qui doit, bien évidemment, être également reporté. Il en va de même de notre demi-journée d’actualité sur « La guerre économique » qui devait se dérouler le 31 mars à l’université Paris Est-Créteil et que son organisateur, Arnaud de Nanteuil (merci à lui également) envisage de reprogrammer en septembre. Bien entendu, nous reviendrons vers vous le plus rapidement possible pour vous faire part des nouvelles dates retenues.

Nous avons bon espoir par contre que la journée d’études sur « Les finances des organisations internationales », organisée par Anne-Thida Norodom et Fabrice Bin pour la Société française de finances publiques, qui doit avoir lieu à Paris le 26 juin prochain pourra se tenir comme prévu et j’espère que, faute de colloque printanier, nous nous y retrouverons nombreux avant la trêve estivale.

Mais je ne veux pas en rester à ces informations pratiques que les membres de la Société ont reçues par ailleurs.

La crise du coronavirus est terrible. Terrible pour les malades et tous ceux qui ont perdu – et vont perdre – des êtres chers et auxquels vont toute ma sympathie. Terrible pour les soignants que l’on ne remerciera jamais assez pour leur dévouement au prix de leur épuisement et, parfois, de leur vie. Mais terrible aussi pour ce qu’elle révèle sur notre monde, décidément complètement interdépendant et si peu préparé à l’être.

Ensuite, j’ai le sentiment (cette lettre n’engage que moi…) que les gouvernants des autres pays ont « bricolé » ce qu’ils ont pu sans qu’il soit possible, en toute honnêteté, de porter un jugement (sauf lorsqu’ils ont retenu l’information, comme en Iran).

Mais c’est cela qui est inquiétant au plus haut point, surtout pour les internationalistes que nous sommes : ils ont agi dans un sauve-qui-peut à la fois généralisé et isolé, national – malgré les tentatives louables du Président français d’encourager une réponse européenne – alors que le virus n’a pas vraiment réalisé ce que frontière veut dire.

Notre droit international n’a pratiquement pas eu son mot à dire. Le Directeur général de l’OMS s’est montré au départ exclusivement soucieux de complaire à la Chine. Mais l’Organisation n’a, de toute façon et de toute évidence, pas les moyens, même juridiques, de faire face à ce genre de catastrophe humanitaire. Le prémonitoire colloque de notre Société qui s’est tenu à Rennes en 2018 sur Santé et droit international (et publié l’an dernier par les éditions Pedone) ne me dément malheureusement pas. La crise du covid-19 a mis en évidence les insuffisances du Règlement sanitaire international : certes, il s’agit d’un instrument juridiquement obligatoire pour les États membres de l’OMS (sauf réserves ou refus) mais il fait la part belle à la souveraineté et, surtout, son mécanisme de contrôle est faible ; quant aux sanctions n’en parlons pas. Et du côté du Conseil de sécurité des Nations Unies, si prompt à s’emparer d’un peu tous les sujets, il se caractérise pour l’instant par son silence assourdissant.

Espérons que le traumatisme que cause, à juste titre, cette terrible pandémie, débouchera sur des mesures concrètes ; un renforcement drastique du RSI et, pourquoi pas, la création d’un « Conseil mondial de sécurité sanitaire », doté de pouvoirs étendus, et qui pourrait être « bicaméral » : une chambre des États ; une autre, composée d’experts indépendants (il est vrai que de moins en moins d’États savent ce qu’est l’indépendance…). Mais on peut espérer – rêver ?

Chers membres de la SFDI, chers internationalistes, essayons de nous mobiliser, d’être une force de proposition. Si la SFDI peut servir de relais n’hésitez pas à nous saisir. Et, bien sûr, prenez soin de vous – et des autres !

                                                   Alain Pellet

                                               Président de la SFDI